Pourquoi valoriser le temps bénévole ?

Version texte

Yaël La vie d'une association repose intrinsèquement sur le temps que lui donnent ses membres. Que ce soit des heures ponctuelles ou un investissement régulier et intensif, l'investissement associatif se mesure bien en temps, en nombre d'heures de travail, car dans le monde associatif, il n'y a pas de rémunération à la tâche pour les actions bénévoles. Comme aux origines du salariat et au temps des grands combats ouvriers sur la définition de ce qu'est une journée de travail, c'est donc le temps qui est la métrique du travail réalisé. Donner un coup de main à l'asso pendant un après midi, tenir un stand, accueillir les nouveaux venus deux fois par mois ou plus. Pour autant, cette mesure du temps bénévole pose de nombreuses questions : à quoi et à qui sert elle? Pourquoi apparaît elle dans les bilans comptables des associations? Est-ce que cela n'induit pas une compétition entre les bénévoles, voire une perversion, une marchandisation du temps bénévole ? Bref, pourquoi et comment valoriser ce temps contributif ?

Yaël C'est la question que nous vous proposons d'aborder dans ce deuxième épisode de Questions d'asso, le podcast par et pour les assos, en partenariat avec la Maif. Pour parler de ce sujet, nous avons le plaisir d'accueillir un représentant de l'association et laboratoire citoyen La MYNE, qui est un lieu bien connu de la communauté lyonnaise depuis sa création en 2014 à Villeurbanne. Bonjour Benjamin.

Benjamin Bonjour Yaël.

Yaël Nous serons accompagnés dans cette discussion par Mathieu, de la coopérative d'experts comptables FinaCoop pour évoquer la valorisation fiscale du temps bénévole, versant comptable de notre discussion. Bonjour Mathieu.

Mathieu Salut, salut.

Yaël Et aujourd'hui, c'est Karl qui prend la main pour l'edito autour du temps bénévole. Salut Karl.

Karl Salut !

Yaël Cet épisode de questions d'Asso est réalisé par Guillaume Desjardin de Synchrone TV sur une musique de Sounds of Nowhere. Vous pouvez vous abonner à Question d'Asso sur votre plateforme de podcasts préférée, sur Apple Music, Google Podcasts, mais également Spotify, Deezer et Soundcloud. Vous pouvez également écouter ce podcast directement sur notre site web www.questions-asso.com où vous vous retrouvez également une version textuelle de ce podcast. On y travaille. Alors installez-vous confortablement et c'est parti.

Yaël Alors Karl, pour cet édito, tu avais prévu de nous parler et de nous expliquer pourquoi valoriser le temps bénévole est important. C'est bien ça?

Karl Cette question de la valorisation du temps bénévole, vous vous l’êtes nécessairement posée, si vous êtes dirigeant d’une association. Avant de parler du temps bénévole, rappelons déjà ce qu’est le bénévolat. Selon le ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative, le bénévolat se caractérise sur un plan comptable - on voit déjà qu’on va parler gros sous - comme “une contribution volontaire en nature qui est, par principe, sans contrepartie.” Le bénévolat s’oppose donc au salariat sur 2 points :

  • Il n’est pas rémunéré, ne fait pas l’objet de contreparties ;
  • Le bénévole ne reçoit ni instruction ni sanction de la part de ses encadrants au sein de la structure associative.

Karl Par principe, le bénévolat est donc un don, de soi, de ses compétences, de son relationnel, mais surtout : de son temps. Comme le bénévolat ne répond pas aux mesures classiques du salariat telles que la masse salariale, ou le chiffre d'affaires, d’autres moyens doivent être trouvés pour l’estimer, le mesurer. C’est donc le temps qui devient la métrique. Nous allons compter le temps donné par les bénévoles pour estimer une forme de production de valeur associative. Alors pourquoi est-ce si important de mesurer ce temps de bénévolat ? Est-ce une obligation légale de faire entrer le bénévolat dans une logique gestionnaire. Qu’est-ce que ça apporte à la vision comptable de l’association ? Selon le ministère de la vie associative, déclarer le temps de bénévolat est notamment obligatoire pour toutes les associations qui reçoivent des subventions. Et évidemment, ça fait pendant à notre premier épisode qui était consacré précisément à cette question de la subvention. En ce sens, la valorisation du temps bénévole apparaît au plan comptable notamment comme une garantie de la non-lucrativité de l’association. Là-encore, on rejoint les sujets que l’on a discutés lors du premier épisode. En effet, en montrant que l’on a donné un nombre conséquent d’heures de bénévolat - donc non rémunérées, on accrédite l’idée que la gestion de l’association se fait à titre désintéressé.

Yaël Donc si je comprends bien, la valorisation du temps bénévole n’a qu’un objectif strictement comptable, gestionnaire ?

Karl De fait, les arguments avancés à la valorisation du temps bénévole sont principalement comptables, oui. Mais il existe d’autres arguments qui ont cette fois-ci trait à la gestion du projet de l’association. Le ministère de la vie associative liste ainsi un certain nombre de “bonnes raisons” de mesurer le temps bénévole :

  • avoir une meilleure vision des ressources de l’association, en ne s’arrêtant pas à ses actifs classiques. Ce qui permet d’en améliorer la gestion mais également d’en rendre compte le cas échéant aux différents financeurs de l’association ;
  • appréhender le coût réel du projet associatif, notamment si l’on devait substituer au bénévolat du salariat classique ou de mesurer la proportionnalité des dépenses de l’association à sa masse bénévole ;
  • ou sensibiliser au sein de l’association et en externe à la fragilité de cette ressource bénévole et au fait qu’il faut l’entretenir, la motiver.

Karl On vous met dans les ressources de cet épisode le lien vers la fiche d’information du ministère qui récapitule ces différentes bonnes raisons. Donc la valorisation du temps bénévole est assez largement conseillée pour les associations, en tout cas pour les associations qui ont des liens avec l’Etat et ses collectivités, notamment en matière de subvention, ou alors des associations qui souhaitent optimiser leur gestion. On va avoir l’occasion de discuter de la mise en œuvre de cette valorisation du temps bénévole tout au long de cet épisode, mais précisons peut-être pour celles et ceux qui nous écoutent qu’au plan des outils, certains logiciels commencent à apparaître pour faciliter cette valorisation. Et on peut citer notamment Bénévalibre, porté par le CRAJEP (Comité Régional des Associations de Jeunesse et d’Education Populaire) de Bourgogne-Franche-Comté.

Yaël C’est quand même un peu perturbant ce que tu nous racontes. On est dans une vision très utilitariste du bénévolat. Est-ce que derrière ça ne remet pas en cause le sens même de l’engagement bénévole ? Mesurer une action qui est par définition un don, un don de soi tu l’as dit, est-ce que ça ne revient à la dénaturer, et j’irai même jusqu’à dire : n’est-ce pas contre-productif ?

Karl Alors voilà, maintenant que nous avons posé les bases de ce que recouvre la valorisation du temps bénévole, nous en arrivons à la partie plus réflexive / critique ? sur le sens même de cette démarche.

Effectivement, mesurer le temps d’un acte qui est un don et qui se fait précisément et volontairement en dehors d’un contexte salarial ou entrepreneurial classique, ça pose question. D’ailleurs, au sein de ma propre association, c’est sujet à débat, et je pense ne trahir personne, voire même refléter une situation courante, en précisant que certains traînent beaucoup des pieds lorsqu’il s’agit de déclarer son temps de bénévolat, en considérant justement que ça pervertit le sens de l’action associative et que l’on y ramène des logiques extra-associatives qui n’y ont pas leur place. Pour ces personnes, mesurer le temps qu’elles donnent bénévolement change la perception qu’elles ont de ce don.

Autrement dit, est-ce que le bénévolat en est toujours s’il est mesuré ? Est-ce que ça ne revient pas à installer une machine à badger au sein de l’association qui dénaturerait la démarche du don, voire démotiverait certaines bonnes volontés ? C’est indéniablement un sujet, surtout lorsque la frontière entre le bénévolat et le travail salarié devient floue. C’est par exemple le cas pour les personnes qui s‘investissent sur des projets bénévoles mais qui peuvent en retirer un bénéfice professionnel tel qu’un réseau ou des compétences. C’est également le cas pour les actions bénévoles qui relèvent clairement de la compétence professionnelle, par exemple, si vous êtes comptable et que vous assurez bénévolement la comptabilité d’une association dont vous êtes membre. Déclarer le temps que l’on passe à travailler bénévolement vient d’autant plus brouiller cette frontière qu’il s’agit d’un acte relevant traditionnellement de l’emploi salarié.

Yaël Ça fait complètement écho aux travaux du sociologue et économiste Bernard Friot. Friot prend l’exemple d’une activité assez simple : tondre sa pelouse. Si tu tonds ta pelouse le samedi sur ton temps libre, tu ne produits ni valeur ni richesse, c’est considéré socialement comme une activité de loisir. Si maintenant, tu es fonctionnaire ou contractuel et que tu tonds une pelouse pour une collectivité, là non plus ça ne va pas être considéré comme une création de richesse mais comme une dépense de l’argent public, et de l’argent du contribuable. Si en revanche, tu tonds la pelouse de quelqu’un pour le compte d’une entreprise, là, il est admis socialement que tu produits de la valeur et de la richesse. Et pourtant, c’est dans les trois cas, c’est la même activité, le même travail.

Karl Exactement, ça dépend du contexte. Et donc quand est-ce que ça sort du loisir ou du bénévolat de tondre la pelouse ? Ce qui pose de fait la question de qu’est-ce qui a de la valeur et qu’est-ce qui n’en a pas ? Car, nous en parlerons avec Mathieu, tous les temps de bénévolat n’ont pas le même statut et ne sont pas valorisables de la même manière.

À l’inverse, rejeter toute forme de mesure du temps bénévole serait peu pertinent car cette mesure permet aussi de mieux comprendre le monde associatif. Déjà, pragmatiquement, déclarer le temps de bénévolat peut être une façon de le mettre en valeur. Là encore, c’est un élément que j’ai moi-même expérimenté dans mon association. Les temps déclarés par les bénévoles que l’on pourrait voir comme des “petites mains" de l’association, par exemple des personnes transcrivant les sous-titres de vidéo, étaient beaucoup plus importants que ce que j’avais imaginé, de mon point de vue de responsable associatif. Cette déclaration du temps me permet en tant que responsable d’être plus attentif au don de temps des bénévoles de l’association et d’être plus prévoyant à leur égard.

Ensuite, le fait de considérer le temps comme la métrique principale de l’investissement associatif se justifie par le fait que les enquêtes sur le bénévolat en France montrent que le temps est la principale ressource recherchée, avec la ressource financière, devant d’autres types de ressources tels que l’engagement des dirigeants associatifs, qui étonnamment dans les enquêtes auprès des associations n’est pas assimilé au temps de bénévolat.

Et cette métrique nous permet donc d’avoir des données sur l’investissement bénévole en France, ce qui vient compléter le tableau que tu avais, Yaël, commencé à dépeindre sur la structuration du paysage associatif en France dans notre premier épisode.

Yaël ah, ah, et alors tu as trouvé plus d’études que moi sur le financement et la place des subventions dans la vie des associations ?

Karl Alors non pas vraiment. Je crois que c’est quelque chose qui va revenir de façon assez systématique dans ce podcast, il n’y a pas beaucoup d’études qui traitent de paysage associatif français de façon globale. En ce qui concerne le temps de bénévolat, les études les plus récentes remontent à 2010. Et Yaël, tu as montré le mois dernier combien le paysage associatif a évolué depuis. Donc on peut penser que les chiffres sont un peu datés, mais ils permettent tout de même d’avoir des ordres de grandeur. En l’occurrence, l’étude que je mentionne a été réalisée par les économistes Édith Archambault et Lionel Prouteau.

Cette étude est très intéressante car elle nous montre déjà combien les méthodes de calcul varient autour du temps de bénévolat. Alors qu’il s’agit en théorie d’une métrique simple et universelle, eh bien, par exemple, selon si on laisse un bénévole définir lui-même les actions qui relèvent du bénévolat, par rapport à une étude qui définierait préalablement ce qui en relève ou pas, on obtient des différences très significatives de temps passé. Ainsi, Archambault et Prouteau montrent comment des études américaines de ce type, comparables mais qui divergent sur la méthodologie, donnent un volume horaire annuel moyen par bénévole pour l’une de 80 heures par an, et pour l’autre de 350 heures par an.

Yaël De ce que tu racontes, on imagine bien que ces calculs peuvent tout de même nous donner une petite estimation du poids économique du bénévolat ; t’as des chiffres pour la France ?

Karl Exactement. Mais là encore, selon les méthodologies, les résultats sont radicalement différents. Archambault et Prouteau expliquent que trois modes de calcul peuvent être définis pour connaître l’équivalent en termes de salaire du bénévolat associatif.

Tout d’abord, on peut faire comme ce que l’on fait dans la comptabilité française, et qui à titre personnel m’apparait être une aberration, c’est-à-dire valoriser les heures de bénévolat au SMIC. Ensuite, on peut également les valoriser selon le revenu moyen du pays. Et enfin, on peut les valoriser selon le montant que l’on paierait un professionnel pour effectuer la tâche accomplie par un bénévole, ce que l’on appelle un coût de remplacement.

Sachant qu’en France, il y avait environ 10 millions de bénévoles dans les années 2000, ce qui représente un nombre d’équivalents temps plein situé entre 720.000 et 950.000 ETP, les salaires imputés au bénévolat étaient de 14 Mds d’euros dans la première variante (celles du SMIC), de 21,4 Mds dans la seconde (celles du salaire moyen) et de 24,2 Mds dans la troisième (celle dite des coûts de remplacement, c’est-à-dire de la substitution par un professionnel). Soit un écart de 70% entre la version SMIC et la version coût de remplacement.

Pour donner des ordres de grandeur, en 2010, on estimait la masse salariale du secteur associatif à 29,4 Mds d’euros. Et donc pour finir sur cette étude, Archambault et Prouteau montrent que les estimations obtenues font apparaître que ce travail bénévole, en 2010, représente de 1 % à 2 % du PIB selon la méthode retenue, soit de 50 % environ à 80 % des salaires bruts versés par les associations à leurs salariés et, en tout état de cause, bien plus que les dons monétaires.

Yaël Donc contrairement à ce qu’on disait de manière intuitive en introduction de ce podcast, en fait, le monde associatif repose autant sinon plus sur le salariat que sur le bénévolat ! On a vu dans le premier épisode que la masse salariale du secteur associatif était en train de fondre, est-ce que tu penses qu’il faut comprendre la valorisation du temps bénévole comme un élément de professionnalisation des asso (dans le sens où la comptabilisation du temps amène bien souvent à une réflexion sur sa gestion) ?

Karl Eh bien justement, quel lien entre temps, bénévolat et salariat ? Que faire de ce temps de bénévolat, comment le déclarer, comment l’utiliser, comment le dépasser, ce sont les questions qu’on a souhaité poser dans cet épisode à Benjamin, de l’association La Myne.

Karl Peut-être pour commencer et pour que celles et ceux qui nous écoutent puissent en savoir un peu plus sur vous et vous situer dans le vaste monde des asso, on va te proposer de dresser la carte d'identité de l'association à travers trois questions qu'on va poser à toutes les associations dans le cadre de ce podcast. Et pour commencer : est-ce que tu peux nous expliquer ce que c'est que la MYNE ? Qu'est-ce que vous y faites ? Comment ça fonctionne ? C'est quoi votre objectif ?

Benjamin Tout d'abord, merci pour votre invitation. La Myne, c'est un peu un ovni dans le paysage lyonnais, dans le sens où on est un tiers-lieu et un laboratoire citoyen. C'est un espace et une communauté où n'importe quelle personne ou organisation peut venir en contact d'une communauté pour échanger, apprendre de pair-à-pair, lancer des projets, mutualiser des ressources. Ça, ça a commencé il y a presque sept ans, comme un laboratoire sur l'énergie, le développement durable, puisque les cofondateurs Charlotte Rizzo et Rieul Techer qui voulaient porter une thèse de recherche sur l'énergie, se sont aperçus que les laboratoires publics demandaient des conditions qui étaient peu propices à l'ouverture des connaissances. Ils ont imité La Paillasse à Paris, qui est un laboratoire de biologie pour créer la Paillasse Saône sur Lyon. Le but étant de porter de la recherche citoyenne tout simplement en ouverture, en participation libre de personnes, qu'elles aient un diplôme ou pas, pour pouvoir participer au l'avenir énergétique du pays. Ça a commencé comme ça. Maintenant, ce qui s'est passé, c'est que du fait que c'était un lieu ouvert, une petite maison avec un jardin, du fait qu'il y avait une ouverture en termes de participants, ça a rapidement évolué sur des modes de gouvernance qui sont ouverts par nature et ça s'est largement diversifié. C'est à dire qu'il y a des personnes qui sont arrivées pour le côté recherche scientifique, d'autres qui sont arrivés pour la convivialité et ainsi de suite. Au fur à mesure, ça s'est ouvert sur des sujets culturels, de la convivialité, de la recherche juridique, de l'incubation d'entreprises, du militantisme politique. Voilà ce que ça a permis de faire, ce qui est la Myne aujourd'hui, tout simplement.

Karl Et du coup, je suis définiraient La Myne. De quelle façon ? Qu'est ce que ce serait l'expression employée pour qualifier la Myne ?

Benjamin On parle de tiers-lieux. Tiers-lieux, ce sont des configurations sociales, c'est à dire comme je disais, ça peut être des lieux physiques ou numériques. Ça peut être des endroits qui existent déjà : des bars, la machine à café dans une entreprise... Où les gens peuvent se croiser, discuter entre eux et avancer sur des projets communs de manière ouverte, démocratique et très expérimentale. Donc, la Myne se définit avant tout comme un tiers lieu. Et la particularité de la Myne, c'est que du fait de son ouverture, on a énormément de mal à se définir. Une fois, on a une journaliste qui nous a posé la question : « Mais je ne comprends pas. Vous êtes économie sociale et solidaire, vous êtes un incubateur de start up. Vous faites de la décroissance, du manuel, du technique. Qu'est ce que vous êtes au final ? » Et notre réponse officielle, c'est qu'on s'en fout. Grosso modo, les personnes et organisations viennent comme elles sont. On a des institutionnels, on a des individus. En discutant avec des membres de la communauté, ce que va être la Myne pour toi, ça va émerger et du coup, ça peut être très différent, avec quand même des valeurs qui sont communes, à savoir un la bientraitance. Prendre soin les uns des autres. C'est ce qui nous permet d'avoir de la diversité. On a des personnes qui sont par exemple au Medef, on a des militants alter-punk. Deux : la documentation en licence libre. Le fait de documenter de manière ouverte ce qui est fait, des projets des personnes. Et trois, la soif d'expérimentation. Ces trois choses étant dites, aujourd'hui, on a des dizaines d'activités, de projets dans tous les sens.

Karl Et du coup, si vous avez énormément d'activités qui sont très diverses, est-ce que tu peux nous dire justement, comment est ce que vous êtes financés ? Ou plutôt, notamment, quelle peut être la proportion au sein de vos budgets des parts de subventions versus tout ce qui va être à but lucratif ?

Benjamin Alors la première année, on tournait essentiellement sur les dons et cotisations. C'était de l'ordre de 8.000 euros. Lorsqu'on a eu lieu pour la première fois et dès la deuxième année, une partie des porteurs de projets avait besoin d'un horizon économique pour porter leur projet. Et donc, la Myne a commencé à faire des prestations d'événementiel ou liées aux projets qui ont assez rapidement augmenté. S'est posée la question, justement de comment on mélange le bénévolat et l'économique ? Ce qu'on a fait, c'est qu'on s'est approché d'une coopérative d'activités. Une entreprise déjà existante qui s'appelle Oxalis, qui a plusieurs décennies d'existence pour faire avec eux, Oxamyne un établissement pour porter des activités économiques. Et de ce fait là, dès 2017, on a voté un principe de frugalité de la Myne de l'association qui fait que, en termes monétaires, on tourne entre 20 et 40 mille euros par an. Ce qui est au vu de l'impact de la Myne est très faible. Le reste, c'est du bénévolat qui se chiffre en centaines de milliers d'euros annuels. Et pour chaque personne et pour chaque organisation qui est en contact avec la communauté, en fait, du design de leur modèle économique à eux. Donc, la Myne elle-même est frugale. Mais tout autour de la Myne, il y a des entreprises, des projets de recherche et tout un tas d'activités économiques qui ont chacun leur propre modèle qui peut être subventionné ou pas. Au final, la Myne est relativement indépendante des subventions publiques du fait qu'elle a une diversité d'acteurs économiques autour d'elle.

Karl Troisième question de notre carte d'identité. Pour finir avec ça, et avant d'entrer vraiment dans le dur du sujet, est ce que tu peux nous dire aussi comment est ce que vous êtes organisés, notamment comment est ce que vous prenez les décisions au sein de votre association ? Qui décide des décisions prises au sein de votre association ?

Benjamin Alors, une première chose on est avant tout une communauté. L'association, pour nous, est un des outils de cette communauté. L'association en elle-même est un objet expérimental en termes de gouvernance. C'est à dire que, grosso modo, dès que les choses sont stables, la communauté s'ennuie et donc on fait évoluer. Donc, au départ, l'association a été créée avec un modèle classique associatif. Président, trésorier et ainsi de suite. Ça a rapidement évolué en conseil collégial où les membres du conseil collégial sont tous coprésident, cotrésorier. Ça a encore évolué après un conseil collégial ouvert où le simple fait que tu sois présent te donne un droit de vote. Ensuite, ça a encore évolué vers un modèle où il y avait un conseil collégial, des groupes de travail, une rencontre qu'on appelle un groupe opérationnel des cinq ou six personnes les plus impliquées qui se rencontrent une fois par semaine, 30 minutes. Et au final, aujourd'hui, on pratique ce qu'on appelle l'adaptocratie, c'est à dire une gouvernance qui essaie de s'adapter en fonction des personnes et des contraintes à un moment donné. A partir du moment où 1) ce que tu fais est documenté, 2) que c'est réversible, tu as toute latitude pour le faire. Ça permet l'initiative personnelle en garantissant quand même le fait d'avoir des décisions collectives, ce genre de choses. Pour prendre un cas concret : si quelqu'un propose quelque chose, mais qui est minoritaire, la Myne, l'association va essayer de faire en sorte de trouver la où les structures qui font que ton projet peuvent se développer en dehors de l'association, par exemple.

Yaël Ok, super, merci beaucoup. C'était très clair et pourtant, ce n'est pas évident d'un point de vue extérieur, quand même, ce que vous faites, comme tu l'as dit, c'est difficile de le restreindre et ça paraît assez tentaculaire. Donc merci beaucoup pour la clarté des réponses. Juste revenir sur un petit point de clarification. Quand tu dis réversible, tu veux dire que les personnes peuvent faire des actions qui peuvent être annulées. Qu'est ce que tu entends exactement ?

Benjamin Ce que j'entends par là, c'est que si, par exemple, je veux tester quelque chose qui s'inscrit dans la durée sur plusieurs années, à ce moment là, ça va engager l'association et les responsables juridiques de l'association. Dans ce cas, ça ne pourra demander une décision formelle parce que c'est engageant et que tu n'engages pas que toi, ton projet. Si, par contre, c'est quelque chose qui testable, mais qui n'a pas de conséquence immédiate. Typiquement, il y a un « devoir de laisser faire », c'est à dire si tu veux tester, par exemple, dans quelle mesure on peut essayer de faire quelque chose avec la métropole, un événement avec les agronomes... Du moment que tu en parles, tu as latitude pour prendre la décision toi même quand finalement.

Yaël Juste que ça engage réellement l'association.

Karl Et du coup, comment est ce que vous gérez la question du représentant légal de l'association puisque si chacun fait un peu ce qu'il veut et que du coup, ça engage effectivement l'association, le représentant légal, qui c'est ? quels risques il prend ?

Benjamin Actuellement, nos statuts enregistrés en préfecture font qu'il y a un conseil collégial. Donc les membres du conseil collégial officiellement enregistrés sont responsables de l'association, de tout problème qu'il pourrait y avoir. On a également des représentants juridiques parce que souvent, par exemple, les institutions bancaires demandent à ce qu'ils aient des représentants légaux de l'association et après pour des questions de responsabilité, notamment quand il y a des partenariats avec tout un tas d'acteurs ou des choses qui sont encore floues, eh bien l'adaptocratie, c'est quand on adapte à chaque projet. Dire par exemple : « Tiens moi, je vais travailler en recherche scientifique avec des budgets européens et avec des acteurs institutionnels. » Bon, bein quelle gouvernance on fait pour ça, et on le génère à chaque fois. Ça a l'air très complexe et très lourd, mais en fait, le vécu au sein de l'association de cette culture-là est au contraire très léger, c'est à dire que tu n'as pas besoin de te dire est-ce que a priori l'association, l'entreprise va être d'accord ou pas, puisque le but de la communauté, c'est de faire en sorte que ce que tu fais soit possible, donc on génère du cas par cas.

Yaël Ok, c'est super intéressant. Du coup, ce que je vous propose maintenant, c'est de rentrer dans le vif de l'entretien et de commencer par une première partie. On pensait faire un peu un horizon historique, mais en même temps, tu as déjà un peu commencé à le présenter en rappelant d'où venait la Myne et quel était le projet de départ. Et ce que tu peux peut-être nous donner un peu des exemples des premiers projets portés par la Myne, et précisément de la place, pour relier avec le sujet de cet épisode, qu'avait le bénévolat là-dedans et comment vous vous gériez les contributions des personnes engagées.

Benjamin Un des projets historiques de la Myne s'appelle le projet DAISEE. C'est un projet qui visait à faire des communautés énergétiques, c'est à dire se poser la question de comment on décentralise les réseaux énergétiques – puisqu'il faut savoir, par exemple, que le réseau de distribution d'électricité, il y a en fait très peu d'acteurs qui gèrent l'infrastructure ou qui font de la production – et qui cherchait notamment à créer un compteur électrique, un peu comme les compteurs Linky chez EDF, mais pour le coup libre, citoyen, et open source. Le principe, c'était de faire des compteurs pour pouvoir savoir combien tu produits ou combien tu consommes en énergie, et de pouvoir faire des transactions de pair-à-pair. Un exemple si j'ai une maison, j'ai des panneaux solaires, je pars en vacances pendant trois semaines. Et bah ma production pendant ce temps là, c'est les voisins qui la récupèrent sans avoir besoin de recentraliser sur un réseau national. Donc, ça a commencé comme un projet plutôt technologique, mais ça a rapidement évolué vers un projet social, politique, juridique qui a donné naissance notamment quelques années plus tard, à la Fabrique des énergies, en partenariat avec l'Ademe, avec des collectivités et des régies électriques indépendantes sur le territoire.

Yaël Vous aviez combien de personnes qui étaient dans ce projet au départ ?

Benjamin Alors, les frontières sont toujours très floues. Dans le sens où des contributeurs clés, on va dire il y en a eu entre 2 et 10 qui étaient présents de manière permanente, qui étaient tous bénévoles à l'origine. En communauté étendue, beaucoup plus que ça puisque comme je disais, nous on est en documentation libre. Donc, le fait que la documentation soit accessible, ça fait qu'on peut avoir des contributeurs sur d'autres territoires, par exemple. Donc là, ça peut être de plusieurs dizaines typiquement. Donc le bénévolat a permis la naissance de ce projet ambitieux, a permis de nourrir pendant des années et ça a permis de faire émerger, justement, des choses qui sont devenues un peu plus que du bénévolat et de l'engagement citoyen, de l'engagement politique, des modèles économiques, des modèles professionnels au fil des années.

Karl Et quand tu parles de bénévolat, ça sous entend que les gens faisaient ça sur leur temps libre. Ou alors vraiment, ils étaient typiquement au chômage et donc ils travaillaient sur leur temps en bénéficiant du chômage... ?

Benjamin C'est ça, on dit souvent Pôle emploi, la CAF, c'est les premiers financeurs de projet citoyen.

Karl Exactement !

Ça a été le modèle d'une partie de la communauté, mais pas nécessairement, pas que. C'est justement dans la diversité : il y avait des personnes qui avaient des postes fixes, qui faisaient ça sur leur temps libre, d'autres qui, au contraire, étaient à Pôle emploi ou en recherche, d'autres qui étaient fraîchement arrivées sur un marché, qui cherchaient à développer une activité économique et qui commencent par des activités associatives. Donc, il y a une diversité de modèles économiques et d'acteurs. Mais c'est vrai que le bénévolat, la représentation qu'ont les personnes ont du bénévolat peut changer en fait, entre ceux qui sont là à titre de loisir et ceux qui sont là pour vraiment s'impliquer à 100 % de leur temps et de leurs convictions.

Yaël Et vous avez dès le début commencé à réfléchir un peu à cette répartition du temps bénévole et du temps salarial, ou en tout cas de sécuriser un peu, tu parlais de « prendre soin » au début.

Benjamin Le « prendre soin » est particulèrement vital dans la communauté mynoise. L'idée comme je disais si tu viens tel que tu es, tu dis ce que tu as envie de faire et on essaye de prendre soin de toi. Donc prendre soin de toi, ça veut dire aussi socialement et économiquement en se disant toi, par exemple, qu'est ce que tu vois dans ce projet là ? Est-ce que tu as envie de gagner ta vie avec potentiellement, et donc c'est vraiment du cas par cas. Pour certaines personnes, c'est « Non, pas nécessairement », d'autres « Oui ». Le fait de se dire « ben tiens, moi, je peux contribuer à faire que tel projet il y a une vie économique, même si moi je n'en bénéficie pas personnellement », ça peut passer par la valorisation de temps de bénévolat. Pour dire que le temps que tu donnes gratuitement et bien il puisse être utile pour les montages de budget, par exemple pour d'autres personnes qui veulent gagner leur vie. Des formes de solidarité comme ça, en fait.

Yaël Est ce que tu peux peut-être revenir plus précisément, justement, sur la manière dont vous arrivez à valoriser le temps bénévole qui là, de ce que tu dis, est quand même, ou en tout cas paraît, un peu plus riche que ce que l'on présentait dans l'édito. Et finalement, ce n'était pas que pour les financeurs, mais là, de ce que tu sais, que ça prend aussi une richesse pour les gens qui montent les projets et qui sont aussi des projets associatifs, mais qui peuvent se professionnaliser.

Benjamin En fait, c'était une discussion ouverte au sein de la communauté. Toutes les questions que vous avez mentionnées, on s'est penché dessus. Sur le côté quantification à tout prix versus liberté de faire. Et puis, la camaraderie aussi. Si je dois quantifier la camaraderie que tu as à mon égard et vice versa. C'est un peu bizarre. Et donc ce qui a émergé, c'est des modes de valorisation en coût de remplacement. De se dire que quand on a des experts en intelligence artificielle ou des experts de l'énergie ou des personnes qui, même sans diplôme ou expérience professionnelle, font un travail de haut niveau, on quantifie sur la valeur de marché, tout simplement. Et comme je disais, ça représente des sommes très importantes, donc qui viennent peser dans les discussions entre institutions et qui permettent aussi d'avoir une forme de reconnaissance en disant toi, tu es un des contributeurs clés de ce projet par que tu fais, parmi d'autres, encore une fois, il y a des personnes pour qui c'est pertinent et d'autres pas. L'idée, c'est d'adapter à chaque fois. Est ce que c'est pertinent pour toi de quantifier ton travail et de le valoriser ? Si c'est le cas, tant mieux. Si ce n'est pas le cas, on trouve un autre moyen pour que toi, tu te sens bien personnellement.

Yaël Et du coup, dans cette dynamique là, t'as commencé à parler un peu d'Oxalis et d'Oxamyne donc la coopérative que vous avez menée, et ce que tu peux revenir un peu sur l'urgence ou l'importance que ça avait pour vous d'avoir une structure coopérative qui se distingue un peu de la structure associative.

Benjamin Quelque part, on voit l'association comme la structure coopérative, comme des outils pour que les choses se fassent. C'est à dire qu'on est tous des humains qui sommes noyés dans la complexité de ce qu'on veut faire. Et le fait de se dire « bah tiens, on se dote d'outils collectifs par rapport à ça », ça nous paraissait important. Et le fait de tout mettre sur une seule structure, ça pose des problèmes de complexité, tout simplement. Et pareil, le fait de ne pas vouloir réinventer la roue, de s'approcher de structures coopératives qui ont l'habitude de la coopération, de montage de modèles économiques, d'accompagnement des personnes. Ça nous a paru comme important très rapidement. Donc, comme je disais, on s'est rapproché de Oxalis et on a fait un établissement secondaire de la coopérative Oxalis qui a permis de porter des projets, de l'expérimentation et la stabilisation économique de gens qui sont contributeurs de la Myne. Mais encore une fois, ce n'est pas exclusif. C'est à dire que c'est la coopérative Oxamyne, c'est un des outils parmi d'autres possibles pour pouvoir faire ça.

Yaël Comment vous arbitrez justement ? Tu disais que c'était au cas par cas, c'est les contributeurs qui vont eux mêmes décider si à un moment ils ont besoin de passer par la structure coopérative ou rester dans la structure associative où ça se passe à une autre échelle ?

Benjamin Techniquement, l'établissement Oxamyne, il est indépendant de l'association la Myne. Mais du fait que tout est documenté, partagé, ouvert. En fait, toutes ces discussions là, de savoir comment on fait pour savoir s'il n'y a pas, par exemple, une récupération privée de moyens associatif communautaire. C'est documenté. Tous ces gens là ont été documentés. C'est très transparent. Les réunions qu'on a au sein d'Oxamyne comme de la Myne sont partagées en ligne et, du coup, c'est traité à chaque fois, c'est à dire dans le sens où si, par exemple, tu arrives avec un projet en disant « Bah moi, j'ai envie de gagner ma vie dessus », mais en même temps, je travaille avec la communauté associative mynoise qui est bénévole. On utilise quelque chose qui est dans le monde tiers-lieu, qu'on appelle les conventions de réciprocité qui sont des espèces de contrats entre le formel et l'informel qui explicite ça, qui le documente, y compris les discussions pour voir pourquoi ça s'est passé comme ça. Est ce qu'il y a un équilibre, par exemple, en termes de contributions ? Est-ce qu'il y a une justice, voire une justesse des équilibres. Et ça, c'est partagé, c'est documenté, c'est public.

Yaël Est-ce que tu peux peut-être nous donner des exemples de critères qu'il y a dans ces contrats de réciprocité ?

Benjamin La difficulté avec les critères, c'est un peu comme les chartes de valeurs. C'est à dire, ce sont des objets un peu totémique qu'on crée pour se rassurer quelque part, pour dire voilà, si je mets ça sur un papier, ça veut dire que en pratique, tout ça, la réalité va suivre. Or, c'est comme la gouvernance, c'est à dire un schéma de gouvernance sur le papier. On sait tous que, par exemple, les échanges autour des machines à café, ça apparaît rarement dans un document de gouvernance, pourtant, ça compte. De la même manière plutôt que d'avoir des critères a priori. Ce qu'on fait, c'est qu'à chaque fois qu'il y a une question qui se pose de ce type là, on le fait par les outils numériques, par du présentiel partagé avec toute la communauté, et on essaye de trouver l'équilibre dans cette relation-là. Donc, les critères, ils sont générés en fonction des contextes, ce qui leur permet d'être tout de suite plus opérationnels, tout de suite plus justes, plutôt que des règles d'ordre général. Parce qu'encore une fois, statut n'est pas virtu, c'est à dire qu'on peut être une association qui est extrêmement rigide, voire agressive, ou inversement, être une entreprise, mais qui en fait est fait entre des copains, des amis qui est très ouverte. Donc, le fait d'avoir une visibilité sur la réalité derrière les statuts, ça permet d'avoir des accords de réciprocité qui sont typiquement beaucoup plus équilibrés.

Yaël Et d'ailleurs, c'était un peu une question qu'on avait aussi parce que quand on a un peu écouté votre rapport d'activité 2019 et si je ne me trompe pas, effectivement, dans les activités que vous mentionnez ou que vous faites, il y a pas mal d'activités qui ressemblent à des activités totalement professionnelles. Il y a notamment, si je ne me trompe pas, du design. Tu me contredira Karl, mais pas que. Et puis, tu parlais aussi d'expertise tout à l'heure. Et du coup, peut être question un peu provocante : mais pourquoi vous tenez tant à la forme associative quand même, si on peut être vertueux par ailleurs ?

Benjamin La question, c'est comment on fait transition de société. C'est à dire le fait de se dire « Tiens, moi, je m'intéresse en tant qu'amateur pour apprendre un sujet » ou jusqu'à « je passe toute ma vie dessus », c'est une continuité. Ce n'est pas, il n'y a pas d'un seul coup, ça se sépare. Donc on voulait reconnaître un peu ça en se disant « Bah, tu fais ce que tu as envie de faire, tu fais là où ça a besoin de bouger », et que derrière le fait que ce soit associatif et/ou professionnel, eh ben ça, ça émerge de tes besoins, de ce qu'il faut être fait. C'est le fait d'avoir un peu cette continuité de possibilités, d'être un peu collectivité, un peu associatif, un peu entreprise, un peu groupe d'amis qui fait des repas collaboratifs ensemble, un peu projet de recherche européen. C'est ça qui permet de faire que ça bouge en bonne intelligence entre des écosystèmes qui, habituellement, ne parlent pas entre eux ou ne se coordonnent pas. Ça permet de créer des comment en fait.

Yaël En vous écoutant, j'ai vraiment l'impression qu'en fait, presque comme la forme associative, c'est un peu la plus simple – à part peut être la forme de *collectif, mais vu qu'elle n'est pas formalisée, il y a des sujets, notamment pour des questions financières, tout simplement – qu'en fait vous commencez un peu par dire, tous les projets commencent par la forme associative, parce que c'est la plus simple et peut être la plus modulable...

Karl Malléable.

Yaël Malléable. Exactement, c'est le mot que j'ai cherché. Et du coup, après, en fonction, tu vas un peu les sortir si besoin de la forme et en façonner des vrais objets. J'ai un peu cette image en tête.

Benjamin Alors ce que tu dis est vrai, mais l'opposé aussi. Dans le sens où la forme associative est un moyen léger de tester des choses plus malléables. Oui, mais en même temps, elle a son rôle propre et plein à jouer. Dans le sens où on a eu des cas inverses, c'est à dire des choses qui ont commencé dans le monde de l'entreprise et qui se sont retrouvées dans le monde associatif. On a été incubateur d'entreprises French Tech, par exemple, de manière expérimentale pendant une année. Donc projets d'entreprise, start up, confidentialité de l'information et tout ce qui va avec, mais par des échanges avec la communauté, ils sont aperçus qu'il y a peut-être des éléments de ce qu'ils faisaient, qui gagneraient à être ouvert, à être partagés et donc, du coup, qui participaient au bien commun. Et du coup, ça, c'est parti sur la vocation associative. Ils ont fait une contribution de ce patrimoine qu'ils avaient d'information pour que ça bénéficie à d'autres aussi. Voilà donc le côté non lucratif de l'association. Le côté intégral, intégratif, démocratique de l'association a son rôle plein et entier à jouer. Ce n'est pas juste une antichambre d'activité professionnelle ou entrepreneuriale.

Yaël Et peut être dernière question avant de passer plus directement à la question d'expert. Justement, est ce que vous avez formalisé ou en tout cas est ce que c'est déjà arrivé qu'il y ait des structures – tu viens de parler à un moment donné des projets qui intègrent l'association –est ce qu'il y en a qui sont sortis? Et du coup, comment est ce que vous pensez cette continuité ? En gros : la Myne, jusqu'où dans les projets ?

Benjamin Alors, c'est avant tout, comme je disais, une communauté de pratiques : bientraitance, documentation, expérimentation... Et des projets peuvent entrer et sortir de la Myne association loi 1901 de manière assez fluide puisque dans la documentation, tu as ton projet, par exemple, on ne pose pas la question de savoir est-ce que tu es membre de l'association ou pas avant d'y contribuer. Donc, on se pensait dès le départ comme une continuité d'acteurs, de personnes. Et la Myne association loi 1901 a son rôle à jouer là dedans qui émerge finalement. Et ça, ça peut varier au cours du temps, c'est à dire qu'il y a des parties qui peuvent rentrer et ressortir de manière assez fluide, quoi. Du fait que si toi tu veux, par exemple aujourd'hui, participer au projet DAISEE, eh ben, tu es complètement légitime en fait. La documentation est en licence Creative Commons ouverte, donc tu peux très bien dire « Bah moi, je vais poser la question de l'interaction entre est-ce qu'on peut utiliser les podcasts, par exemple, pour documenter le projet DAISEE. » Voilà ! Et pourtant, a priori, tu n'es pas encore membre de la Myne. Très bien. Ça nous va très bien comme ça.

Yaël Super, merci beaucoup. Du coup, je passe tout de suite la parole à Karl peut être pour rentrer tout de suite sur la question d'expert.

Karl Exactement. Et donc, avant d'entrer dans le cœur de la discussion sur justement, comment est-ce que la Myne peut gérer cette question du temps bénévole, et tu as déjà commencé Benjamin à nous en parler avec la question notamment de la bientraitance. Peut-être qu'on peut faire un petit détour fiscal et juridique sur ce que c'est que la déclaration du temps de bénévolat dans une association et sur ce que peut en attendre. Et donc, place à la question d'expert.

Karl Et aujourd'hui, notre expert, c'est Mathieu de FinaCoop. Salut !

Mathieu Salut, salut !

Karl Et donc, on a plusieurs questions à te poser sur effectivement la valorisation fiscale du temps de bénévolat et peut être pour commencer tout à l'heure, je parlais du fait que le temps de bénévolat, c'est quelque chose qu'on va notamment valoriser au plan comptable. Est ce que tu peux nous expliquer ce que ça apporte concrètement et peut-être aller un peu plus loin que ce que j'ai expliqué tout à l'heure ?

Mathieu Absolument. Tu l'as très, très bien expliqué, mais je le résumerai en quatre points. Pour moi, il y a le premier aspect qui est l'aspect citoyen et politique. Le fait de reconnaître le bénévolat comme une contribution aux associations, à la société et reconnaître l'implication individuelle. En soi, je trouve que c'est une forme de reconnaissance forte. Il y a une notion, dimension de modèle économique, aujourd'hui, on parle de modèle même « socio-économique » si on ne s'arrête pas uniquement à comptabiliser le chiffre d'affaires, les ventes, les cotisations, les subventions... On va aussi aller chercher d'autres dimensions. On va aller chercher la dimension partenariale, c'est-à-dire la capacité à co-créer des projets et des activités, à mobiliser des ressources. Et la dimension RH, notamment dedans on y retrouve le volontariat, le mécénat de compétences et le bénévolat. Voilà, il n'y a pas que le salariat qu'on met dans les dépenses d'exploitation. C'est aussi une forme de reconnaissance de cette typologie de ressources socio-économiques. Ensuite, on a une dimension, comme tu le disais déjà fiscale. Pourquoi ? Parce que on en a déjà parlé dans un podcast, mais il y a la question entre la lucrativité ou la non-lucrativité des activités de l'association. En général, une activité d'une association est non lucrative au sens juridique. Mais fiscalement, elle peut avoir des activités qui sont lucratives, c'est à dire concurrentielles. Et pour cela, pour apprécier ce seuil de lucrativité ou non lucrativité, on a le droit de retenir, pas que le chiffre d'affaires, mais aussi les moyens utilisés par l'association, notamment le bénévolat, qui peut venir renforcer le poids du secteur non lucratif et donc venir diminuer le risque fiscal ou la fiscalisation d'une association. Ça, c'est une dimension forte et ensuite y a aussi une dimension plus économique, financière, qui est quand on va chercher des subventions ou certaines typologies de produits. Il faut souvent justifier de co-financement et le fait de donner une valeur au bénévolat, ça peut permettre de justifier ces fameux co-financement.

Yaël Peut-être en clarification, à un moment t'as parlé de volontariat. Est-ce que tu peux nous faire un peu la différence entre bénévolat et volontariat ?

Mathieu Alors, le bénévolat, c'est normalement exempt de toute contrepartie. C'est vraiment comme tu disais un abandon de soi si on se dépouille de son temps. Le volontariat, c'était pour avoir une forme de reconnaissance. Si je devais caricaturer entre bénévolat et salariat, c'est donner des formes de rétribution possible qui ne sont pas assimilées à du salaire, notamment les services civiques qui ont droit à des indemnités. Voilà un peu assez proche, finalement, de ce qu'on retrouve pour les étudiants avec les stages.

Karl Et du coup. Encore une question de clarification. Est-ce que c'est vraiment obligatoire de déclarer le temps de bénévolat dans sa comptabilité ? C'était notamment une question entre entre Yaël et moi. Moi, je le fais dans mon asso. Yaël ne le fait pas dans son asso. Est-ce que c'est obligatoire ?

Mathieu Alors oui...

Yaël ...Même quand on a un tout petit budget ?

Mathieu Il faut savoir que jusqu'en 2019, c'était non. Et jusqu'en 2020, alors, je dirais à partir de 2020, c'est oui ou non. Ça dépend de la taille de l'association, des montants de subvention et est-ce qu'elle est soumise au fameux plan comptable associatif qui est réglementé. Donc ça, il faut regarder précisément. Il y a une liste d'associations, notamment quand on a plus de 153 000 euros de subventions, de dons ouvrant droit. Voilà, ou un montant de subvention qui est important. Donc tout ça, il faut regarder en détail, mais dès lors qu'on est dans le plan comptable associatif, maintenant, par défaut, il faut valoriser le bénévolat. Ça devient la règle. Pour autant, si on n'est pas capable de le valoriser ou si on ne souhaite pas le valoriser, il faut le dire et l'expliquer en annexe. On reste quand même libres.

Yaël Et ce que peut être juste, tu peux donner des seuils. Il y a quand même un seuil où on n'est pas obligé de faire, de faire tout ça ?

Mathieu Exactement, souvent, c'est le montant des subventions ou des dons. C'est ça.

Yaël Et t'as pas un chiffre ?

Mathieu 153 000 euros de subventions ou 153 000 euros de dons. Et ensuite, si une collectivité nous octroie une subvention de mémoire, c'est 75.000 euros.

Yaël D'acoord, mais du coup, en fait, on parle quand même de grosses associations. Je sais que je suis très, très petite, mais quand même [ndrl : CA annuel du Mouton Numérique est d'environ 3 000€]

Karl Et alors, du coup, une fois qu'on a dit que c'est obligatoire par défaut. Comment est-ce que ça se calcule ? Quel type d'activités on va comptabiliser dans ce temps de bénévolat ? Par exemple, là, quand on fait une réunion entre nous, j'imagine que ça, c'est comptabilisé au sens où on est capable de dire « La réunion a commencé à telle heure et elle a fini à telle heure ». Mais si moi le soir, je travaille pendant une demi-heure, justement sur la compta de mon asso. C'est quelque chose que je ne peux pas mesurer en temps. Est-ce que ça rentre dans ce temps bénévole ?

Mathieu Alors je te dirai oui, parce que la compta, c'est une activité en tant que tel. Pour moi, elle a toute sa valeur, même si elle n'est pas toujours reconnue à sa juste valeur. Et on peut se dire qu'elle n'a pas beaucoup de valeur ajoutée à la société, mais c'est quand même du temps, quelque chose aussi chiant à faire, mais qu'il faut faire. C'est une obligation. Donc je te dirais oui. Oui, après, on pourrait se poser la question sur l'activité comptable entre la typologie de l'activité comptable parce qu'il peut y avoir des choses très basiques, très administratives, d'autres plus de la tenue comptable, d'autres de la révision comptable. C'est vrai que parfois les cabinets n'ont pas toujours les mêmes taux horaire selon les activités. Si c'est du conseil aussi à valeur ajoutée, ça pourrait avoir plus de valeur. Alors nous, je sais qu'à Finacoop, on a une politique d'avoir un taux accessible et le plus simple possible. Maintenant, on en a deux. Un taux horaire compta ; un taux horaire conseil. Donc on pourrait se dire que ça peut être au coût de remplacement si c'était nous, Finacoop, qui faisions du bénévolat au coût des prix du marché. Après, on pourrait se poser la question peut être pour toi est-ce qu'on le fait pas au prix de quelqu'un qu'on aurait embauché sur une dimension administrative ou comptable, donc plus un coût salarial côtisé. J'avoue, je suis plutôt partisan de calculer le coût global, brut et cotisations, et sortir de la logique du SMIC qui nous précarise beaucoup. Voilà. Donc, ce n'est pas rare d'avoir des asso qui valorisent au SMIC, moi j'essaie d'attirer leur attention pour dire est-ce que vous avez vraiment envie de rémunérer tout le monde au SMIC ? Peut-être que oui, mais en règle générale, ce n'est pas la réponse.

Karl Donc ce que tu dis, c'est que finalement, ce choix du SMIC ou du salaire moyen ou du coût de remplacement, c'est quelque chose qui appartient à l'asso qui n'est pas une obligation légale, qui n'est pas imposée par ton comptable ?

Mathieu Absolument, absolument. C'est un choix, c'est un choix de gestion. Pour moi, c'est un choix de gestion qui a une dimension politique forte aussi et qui renvoie une image de la considération aussi du travail. Donc, ce n'est pas à prendre à... Enfin du travail, justement le bénévolat n'est pas du travail, c'est une contribution, mais en tout cas des contributions du temps, du temps passé. C'est un choix fort pour moi de rappeler un positionnement politique des associations. Et en termes d'image aussi, je trouve qu'il faut qu'on a tout intérêt à envoyer une image valorisante.

Karl Ouais, complètement et peut être pour finir et aborder le dernier respect de cette question. En tout cas peut-être qu'il y a d'autres aspects, et tu me diras si il y a d'autres aspects, mais en tout cas, un autre aspect qui me semble important, c'est le point de vue du bénévole. Là, on a parlé du point de vue de l'association. Mais il y a le point de vue du bénévole et en fait, on entend beaucoup dire notamment qu'on peut déclarer nos temps de bénévolat au compte formation de l'État pour bénéficier d'une subvention de l'État pour se faire former sur des aspects qui me parait justement pas très clair. Justement, est ce que tu peux nous préciser ce point ? Qui peut en bénéficier ? Est-ce que c'est vraiment viable ? Moi, j'ai vraiment l'impression que c'est quelque chose qui relève un peu de l'utopie, au sens où c'est tellement restrictif, j'ai l'impression comme critère que personne n'y a droit. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

Mathieu On peut se dire que c'est un premier temps. En règle générale, quand il y avait une innovation juridique, souvent, c'est très restrictif au début. En effet, on se rend compte que peu de personnes y ont accès parce que c'est uniquement des dirigeants associatifs, donc pas des directeurs-salariés, dirigeants au sens bénévoles d'un conseil d'administration ou d'un comité collégial ou que sais je encore, d'un bureau qu'un pouvoir d'engager l'association. C'est eux ou des formateurs de bénévoles. Donc voilà, déjà sur le public, c'est très restreint et ensuite en termes de nombre d'heures pour déclencher le droit à des nouveaux crédits formation. C'est au moins de 200 heures, dont 100 heures dans une et même association minimum. Ça représente plus de 1 mois de temps bénévole. Voilà.

Karl C'est plus d'une journée par semaine.

Mathieu Oui, c'est beaucoup. Alors moi, j'aime beaucoup l'idée de la Myne aussi de casser les frontières entre entreprises, associations et politiques, donc de permettre aussi ces formes d'engagement. Je pense qu'on a tout intérêt à casser les effets de silos dans lesquels la société veut beaucoup nous enfermer. Pas avoir peur de toutes les formes d'engagement. Donc, peut-être que la Myne a réussi à le faire pour certaines personnes d'arriver à 200 heures. C'est vrai que moi, ça me parait élevé. Et ensuite, c'est une attestation donc des dirigeants de l'association, du président ou de la présidente en général. Et ça donne droit, comme quand on est salarié d'une structure, à une vingtaine d'heures par an qui se rajoutent à son compte formation. Et c'est pour des formations assez précises, pas toutes les formations non plus.

Karl Donc c'est encore plus précis, encore plus ciblé que ce que je ne l'imaginais. Merci beaucoup, Mathieu, pour toutes ces précisions. C'était super intéressant. Moi, j'ai appris quelques trucs comme quoi c'est utile d'avoir un expert autour de la table pour ramener la discussion un peu sur quelque chose de solide.

Yaël Mais on n'en doutait pas !

Karl On n'en doutait pas, ouais. Et on va pouvoir passer justement la deuxième partie de l'entretien avec Benjamin sur comment est-ce que, au sein de la Myne, vous avez cherché à dépasser la question de ce temps de bénévolat pour parler de temps contributifs ?

Yaël Tout à fait. Merci beaucoup. Peut-être Benjamin, ce qu'on peut faire, c'est de rentrer un peu plus précisément sur les trajectoires individuelles et comme ce qu'on disait peut-être en première question, parce que tu disais qu'on pouvait contribuer à la Myne... même quelqu'un qui n'y est pas peut y contribuer. Est-ce que tu peux nous faire un peu le parcours du membre ? Comment on devient membre ? À partir de quand ? Et finalement, à partir de quand cette question, pour vous, de la valorisation du bénévolat ou du temps contributif se pose ?

Benjamin Je voulais juste rebondir brièvement sur cette notion de formation des bénévoles, les validations de l'expérience et tous ces dispositifs d'État pour reconnaître un peu la contribution bénévole. Quelque chose qu'on va tester, c'est de passer en assemblée générale permanente et donc de faire en sorte que les membres de la Myne soient quelque part tous dirigeants de l'association pour leur permettre éventuellement de valoriser leur projet. C'est des petits hacking juridiques pour tester un peu, voilà l'évolution de ça. C'est un peu dans la tradition mynoise, justement, ce côté expérimental, un peu, on pourrait dire punk, mais punk juridique, tout relatif. Et c'est pour ça que cette question de comment on garantit une qualité de vie des personnes qui veulent faire des choses s'est posée très, très rapidement parce que c'est complexe. Et donc, du coup, le fait de se dire dans ton parcours, est-ce que c'est un bénévolat choisi ? Ou est ce que c'est un bénévolat subi ? C'est une question qui se pose très souvent dans les projets puisque la plupart des personnes sont bénévoles parce qu'elles n'ont pas encore trouvé le modèle économique de ce qu'elles sont en train de faire et parfois tout simplement parce que le modèle économique n'existe pas encore. Je pense par exemple à toute la dynamique low tech sur la frugalité technologique. Utiliser des matériaux de récupération pour construire des choses. Le modèle économique est en train de se faire maintenant. C'est pour ça que communautairement, ces questions, on les a faites de manière ouverte, avec d'autres organisations, avec des chercheurs aussi. On n'a pas mal d'études collaboratives sur ces sujets-là, pour essayer de trouver non pas une solution qui serait idéale pour tout le monde, mais tout un tas de petites expérimentations. Donc, là, ok, statut du contributeur, par exemple. Est-ce qu'on peut avoir un statut du contributeur, c'est à dire que tu sois salarié ou pas ? Est-ce qu'on peut te reconnaître des droits, des avantages liés à ce statut-là ? Donc ça, pareil, ça n'existe pas encore. C'est quelque chose à créer. On a créé aussi des choses comme le CDI communautaire, des expérimentations de contrat de travail partagé entre plusieurs personnes dans lequel tu peux être coopté pour pouvoir sécuriser un peu quand tu n'as plus envie d'être bénévole, par exemple de manière temporaire et ainsi de suite. Donc, il y a tout un tas d'expérimentations pour essayer de défricher des nouvelles façons de construire le monde, son travail, son application.

Yaël Du coup, tu dis que vous avez fait beaucoup d'expérimentations. Est-ce que à un moment, vous avez réussi à stabiliser ces expérimentations ou à sortir de l'expérimentation pour un peu poser des choses de manière plus formelle, d'accepter des choses ?

Benjamin Oui, c'est ça. C'est un équilibre qui est aussi très personnel entre l'expérimentation, le chaos et puis quelque chose d'ordonner et de prévisible. Chacun met son curseur un peu là où il est dans sa vie finalement. Donc oui, par exemple, la coopérative Oxamyne, aujourd'hui, on est entre 10 et 20 salariés entrepreneurs. Donc, si une entreprise qui se développe. Au niveau de l'association pareil, on a une communauté contributive qui est relativement vaste, c'est à dire qu'elle est plus dépendante de membres historiques de l'association. Par exemple, avec ma compagne Connie, on est très impliqués aujourd'hui. On y passe trois jours par semaine en moyenne. Mais si demain on se dit « tiens, on arrête ». Pour autant, il y a une résilience, c'est à dire qu'il y a d'autres personnes qui peuvent prendre le relais et ainsi de suite. Donc, du coup, il y a des choses qui se stabilisent, même si ça reste toujours un équilibre entre être stabilisé, être content là où on est et puis faire évoluer vers des modèles de société nouveaux aussi. C'est à dire que l'intérêt de la bientraitance, c'est de se dire peut être que toi, personnellement, tu as besoin de stabilisation en ce moment. On peut t'orienter vers des choses qui sont bien connues, plus stables. Et inversement, il y en a d'autres qui ont besoin de nouveauté, besoin de tester des choses qui ont une appétence pour ça. Bon, bah comment on peut créer les conditions pour ça, sachant que ça reste encore quelque chose en construction. On est quand même relativement jeune.

Yaël Et vous arrivez un peu à essaimer ou à polliniser ce modèle-là vers d'autres collectifs ou personnes qui aimeraient s'engager dans ce genre de démarche.

Benjamin Ça, c'est assez drôle parce que le fait qu'à la Myne, justement, chacun peut s'y reconnaître et la décrire de sa propre manière finalement. Ça fait qu'on a une diversité de personnes qui ont été en contact avec la Myne, qui ont pu être accompagnées et qui ont donc les pratiques mynoises, même si elles ne se disent pas, elles ne mettent pas le logo en fait dans ce qu'ils font. Je pense par exemple à des projets de FabLab ou des personnes dans des institutions qui y sont passées, qui ont pratiqué et qui ont répliqué ces modèles de pratiques dans leur propre environnement. Et qui, par exemple, utilisent des documents collaboratifs, utilisent des pratiques mynoises. Et ça, oui, on en a beaucoup. Et justement, dans des milieux très différents qui petit-à-petit adoptent ces pratiques-là, même si formellement, comme je disais, il n'y a pas un partenariat avec le logo la Myne ou une adhésion formelle, mais par contre un réseau humain qui est très fort.

Yaël En revanche vous n'avez pas d'associations, ou autre chose, qui sont venues précisément vous voir pour demander un accompagnement là-dessus ?

Benjamin S'il est totalement. C'est à dire que même très régulièrement. Par exemple dans le mouvement tiers lieux, aujourd'hui, c'est quasiment un tiers lieu tous les dix jours qui nous contactent pour être accompagné. Mais ça peut être fait par l'intermédiaire des mynois et mynoises. C'est à dire si toi tu deviens membre de la Myne, tu es légitime pour bah tiens, si tu entends parler d'un projet, tu fais le contact avec les autres collègues de la communauté mynoise, donc quelque part, le projet est accompagné par la Myne. Donc, ça peut être complètement informel comme ça, jusqu'à au contraire des accords cadres, des conventions beaucoup plus massives, beaucoup plus formelles. Et c'est une continuité de tout ça qui fait ce gloubi boulga mynois. On ne s'ennuie pas, c'est clair !

Yaël C'est hyper intéressant, parce que que c'est vrai, qu'en préparant cet épisode, on avait une image qui était plus de se dire que finalement, si vous aviez aussi besoin de passer par cette comptabilisation du temps bénévole, ou en tout cas, cette reconnaissance à un moment donné, d'un temps d'ailleurs que vous appelez pas « bénévole » comme on vient de le dire aussi, mais putôt « contributif » comme ça permet d'être un peu plus englobant sur la forme dont ça va après se formaliser. C'était aussi pour empêcher un peu les formes de passager clandestin, c'est à dire de personnes qui, finalement, profiteraient un peu de la situation en, je ne sais pas, par exemple, en montant un projet et en profitant de personnes qui vont s'engager bénévolement alors qu'elles vont à un moment donné être salarié, par exemple. Et du coup, il y avait peut être une question sur ces différences de statut au sein de l'association, et plus largement de l'écosystème. Et de ce qu'on entend, c'est un peu plus, un peu plus compliqué là dessus.

Benjamin En fait, cette question du passager clandestin, on n'a pas mal de membres de la Myne qui ont déjà vécu des changements de taille d'écosystème, des choses contributives où il y a pu avoir une récupération privée de ça. Donc il avait déjà pas mal d'expériences dans les membres de la Myne par rapport à ça. On y a privilégié la transparence, c'est à dire le fait de se dire si moi mon but, c'est de « me faire des millions ». Et bien je peux être transparent par rapport à ça. Je le dis. Et le fait de s'adapter aux personnes et ce qu'elles veulent, et de créer les conditions de la justesse derrière. Finalement, ça contribue à faire des modèles plus équilibrés, plutôt que de découvrir à postériori « Zut, j'ai contribué gratuitement à un truc qui a fait une récupération économique et politique qui n'est pas celle pour laquelle moi, la raison à laquelle j'ai contribué le fait d'être transparent par rapport à ça, aide énormément.

Yaël Et ça permet peut-être aussi de filtrer les projets, parce que vous n'allez pas accepter n'importe quel projet... ?

Benjamin Et bah, justement, c'est là où c'est intéressant. C'est le fait de se dire, on discute dans tous les cas. Et par rapport à un projet, quelqu'un peut dire, peut lever la main en disant « moi, je ne suis pas d'accord avec ça » et on traite de comment on peut faire pour résoudre ça. Ça peut être parfois par la coopération. Et par exemple, quand je parlais tout à l'heure d'incubation French Tech, il n'y a pas une immense diversité sociale dans les incubés French Tech. Il y a des questions aussi de bien commun qui ne sont pas évidentes. Et on avait des militants de la décroissance qui sont assez farouchement opposés au mouvement French Tech, qui sont présents dans la communauté mynoise. Et on s'est dit « tiens, comment on peut essayer de compatibiliser les deux ; on fait un test. » On voit est-ce qu'il y a des communs qui peuvent être créés dans l'incubation startup et au final, ça s'est plutôt bien passé en fait. Alors qu'inversement, dans d'autres domaines, on se dirait que ça pourrait être évident... C'est le fait de tester dans quelle mesure ça peut se faire ou pas. Ça crée un climat de confiance et ça crée aussi de la résilience par rapport à des bugs, comme tu l'as mentionné : s'il y a une récupération économique du truc, et bien vu qu'on a créé la résilience en amont, on peut absorber ça. On peut traiter ça de manière plus intelligente, plus adaptable, en tout cas.

Mathieu Il y a un sujet qui est important dans le fait d'accueillir des personnes. J'aime beaucoup l'idée d'éducation populaire, c'est-à-dire de ne pas faire le filtre et tout sur les personnes à l'entrée, même pour favoriser l'engagement des gens. Il y a vraiment une question sur la sécurisation des parcours. Voir le bénévolat comme une activité en tant que telle ou temporaire, etc. Comment on peut apporter de la sécurité quand on sait qu'aujourd'hui, par exemple, il y a 400 000 nouvelles personnes qui veulent venir s'impliquer dans le ESS professionnellement, personnellement, depuis le Covid, par exemple? C'est comment on permet à des personnes qui ne connaissent pas forcément le bénévolat ou même l'entreprenariat alternatif à s'impliquer et souvent le premier frein c'est l'absence de sécurité. C'est-à-dire la peur de perdre en statut social, en conditions économiques ou pas. Voilà. Donc ça arrive à rassurer des personnes. Sur le bénévolat, il y a toujours la tension avec le fait d'être totalement non lucratif, etc., désintéressé, ne pas toucher à l'argent... Mais il faut juste savoir qu'il y a des choses qui existent. Tout à l'heure, on se demandait est ce qu'il faut être membre d'une association, par exemple, pour être bénévole ? Ce n'est pas obligatoire, mais ça peut être sécurisant à la fois pour les personnes, pour l'association, mais aussi pour se prémunir du risque social, Urssaf ou autre chose. En termes assurantiels aussi, si on est assuré, s'il y a un pépin, c'est toujours mieux d'être un membre, bénévole membre. Et une fois qu'on a ça, on peut se demander aussi est-ce qu'on peut avoir des rétributions qui ne remettent pas en cause la non-lucrativité fiscale de l'association, et juridique. À savoir, il y a une tolérance fiscale qui n'est pas toujours connue, mais on peut rétribuer jusqu'au trois-quarts du SMIC une personne dirigeante. Voilà c'est pour les bénévoles dirigeants. Donc, en l'occurrence, potentiellement, tout le monde à la Myne. Ça c'est le premier point. Il y a aussi des remboursements de frais possibles, ou remboursements de frais de déplacement ou même mise à disposition de matériel informatique ou autre. Il y a aussi un truc pas du tout connu c'est le ticket restaurant bénévole. On peut avoir jusqu'à 6,70€ par un ticket restaurant, qui ne remettent pas en cause la fiscalisation. Donc, il y a des choses à proposer.

Yaël Peut-être, question un peu de clarification. Est-ce qu'on a le droit de rémunérer pour une prestation un membre qui est bénévole ?

Mathieu Ça rentre dans le calcul des trois-quarts du SMIC. On va regarder directement ou indirectement. Donc on va regarder sur un mois. Normalement, on n'est pas censé dépasser chaque mois 1.000 euros, mois par mois, un peu près trois-quarts du SMIC.

Yaël Et du coup, que dans le cas où les bénévoles font partie des cadres dirigeants.

Mathieu Des dirigeants, oui. Pardon, dirigeants, oui, oui. Quand un dirigeant, c'est ça.

Yaël Merci pour la petite précision. C'est une question que nous on s'est beaucoup posé de notre côté. Super. Du coup, je pense qu'on peut peut être passer à la troisième partie, la partie conclusive de ce podcast. Donc plus sur l'aspect, peut être pour faire un peu un récapitulatif des différentes expérimentations que vous avez pu mener et aussi des enseignements que vous avez tirés. Surtout que là, on n'a quand même pas du tout parlé du fait qu' on a eu une année un peu particulière avec la crise. Peut-être aussi que ça vous a un peu donner, en tout cas, quelques perspectives par rapport à ce que vous aviez l'habitude de faire en termes de gouvernance et aussi de valorisation du temps bénévole. Donc peut être, question un peu libre sur la fin. Mais oui, est-ce que vous avez changé vos manières de faire ? Ou j'imagine, comme tu le disais en fait Mathieu, qu'il y a des personnes qui ont été plus en difficulté financière aussi ces derniers temps. Donc, la question du prendre soin ou de la sécurisation de leur parcours s'est posée de manière un peu plus urgente.

Benjamin J'aurais peut-être un retour d'expérience à faire concernant la pandémie et le premier confinement. À la Myne, il s'est passé quelque chose. On a déclenché une réunion du conseil collégiale de l'association ouvert pour se poser la question de qu'est ce qu'on fait par rapport au confinement. Comment on s'organise en termes de règles ? Et ce n'est pas du tout ce dont on a parlé en fait. Ce qui s'est passé, c'est que on s'est posé la question : quelle est la situation actuelle ? Donc, faire des remontées d'informations scientifiques, sociales, de ressentis de différents acteurs, de différentes personnes présentes autour de la table pour savoir qu'est-ce qui se passe. Et ce qui en est ressorti, c'était qu'il y allait avoir une carence assez importante de certains produits, notamment le gel hydro-alcoolique sur le territoire, assez catastrophique. Et donc, ce qui avait commencé comme une question de gestion associative, en fait a évolué sur un dialogue ouvert avec plusieurs acteurs, notamment des industriels, des collectivités, d'autres associations, des individus, sur une forme d'organisation collective pour pouvoir répondre au confinement et à la pandémie. Et du coup, on s'est mis en autoproduction de gels hydro-alcooliques. On a produit 1500 litres et distribué 1500 litres sur le territoire. Et avec, comme je disais des industriels, des collectivités qui étaient autour de table et qui ont contribué certains bénévolement, d'autres professionnellement à cette initiative, parmi d'autres qui ont existé dans la communauté mynoise. Et là, la question de la valorisation du temps de bénévolat, elle s'est posée a posteriori, c'est à dire que c'était d'abord, il fallait avoir une réponse. Et chacun contribue comme il peut, avec ses outils, avec ses pratiques. On fait ça. En même temps, on documente parce qu'on est un peu fana de la documentation. Et quand, à postériori il y a commencé à avoir des financements, des soutiens communautaires par rapport à ça, on avait déjà documenté un peu ce qui avait été fait et donc ça a permis de justifier, d'équilibrer que voilà. Quand il y avait de l'argent public sur ces actions-là, on a pu montrer patte blanche par rapport à la régularité juridique. En même temps que les acteurs qui s'étaient impliqués, qui étaient quasiment à temps plein là-dessus, ne se mettent pas en précarité. Alors eux, ils sont passés du statut de bénévole à priori, à rémunérés a posteriori. Ou vice versa, c'est à dire, par exemple, il y a des personnes qui ont contribué qui avaient un « droit économique » à facturer dans le sens où ils auraient pu, puisqu'ils sont intervenus professionnellement et qui ont préféré dire « ah bah non, je fais don de ce que j'aurais facturé pour telle raison, pour par exemple faire une mise en récit de ce qui s'est passé ». Voilà, donc, on a eu des évolutions comme ça de statuts.

Karl Et finalement, tu ne nous as pas dit comment vous à la Myne vous gérez cette question de la déclaration comptable du temps bénévole. Est ce que vous le déclarez ? Est-ce que justement, comment est-ce que vous gérez ce passage temps bénévole, temps contributif, mais qui finalement, peut être rémunéré... Comment est-ce que vous le gérez sur un plan comptable ?

Benjamin Alors quand s'est posée la question de la valorisation de temps de bénévolat. Le premier réflexe qu'on a fait, c'est ouvrir un document contributif en ligne. Poser la question à tout un tas de personnes et d'acteurs, en disant « eh, comment vous faites ça ? » voilà, d'avoir des retours par rapport à ça. On a travaillé notamment avec Finacoop sur ces sujets là. Sont remontées des volontés un peu collectives de tester des choses, c'est à dire de partir sur une méthodologie qui explique pourquoi on a fait ces choix là, comment. Qui est à la fois une méthodologie qui est lisible d'un point de vue juridique et administratif, qui a été votée officiellement comme étant l'outil de l'association, mais qui, en même temps, documente aussi quelles auraient pu être les alternatives. Typiquement dans les associations proches de la Myne. Certains ont pu prendre ce modèle là et le réutiliser. Ou en utiliser d'autres parce que ça a été documenté. Et donc, depuis pas mal d'années maintenant, on déclare un volume de valorisation temps de bénévolat qui est très important, qui est presque presque 10 fois le montant monétaire de l'association.

Mathieu Vous allez avoir plein de droit à la formation alors !

Yaël En fait, ce que je trouve hyper intéressant dans ton témoignage, c'est qu'on a presque l'impression que la Myne, vous gérez un plus ce côté coordination territoriale. En fait, j'ai presque l'impression que vous dépassez un peu en termes d'importance sur le territoire, ce qu'on pourrait attendre d'une association ou peut être se dire que le forma... enfin, je vais arrêter avec la formalisation, mais est ce que ce n'est pas presque à l'État de prendre en charge cette coordination ? Dans l'exemple que tu as donné sur le Covid et la crise sanitaire, je trouve que c'est hyper intéressant de se rendre compte qu'un acteur associatif est capable d'amener ces réflexions là, mais du coup, ça pose aussi la question de est-ce que ce n'est pas à un autre acteur de prendre en charge ces réflexions là et cette coordination de l'ensemble des acteurs d'un territoire sur des problématiques d'urgence, des crises. Je ne sais pas, des cellules de crise à un moment donné...

Benjamin On vient de lancer un programme de recherche sur trois ans avec la Fondation France, qui s'appelle « Pouvoir agir en tiers lieux », qui regroupe tout un tas de lieux en France sur les partenariats public-privé-particulier. C'est à dire le fait de se dire, est-ce que c'est l'Etat ou les collectivités locales qui, obligatoirement, sont représentantes du bien public et doivent prendre charge ça ? Oui, mais pas. Dans le sens où, ce sont des individus au sein de ces organisations, d'autres qui sont associatives, d'autres qui sont professionnelles, qui ensemble, s'ils arrivent à avoir des formes partenariales qui garantissent le bien commun, peuvent vraiment faire des choses intéressantes. Et sur le cas de la pandémie, par exemple, on a eu des cas où il y a eu : bah moi, aujourd'hui, je gère tout un tas de centres sociaux et on a une pénurie maintenant ; sauf que moi, dans mes contraintes internes de processus de décision, de marchés publics, je ne peux pas déclencher quelque chose sous 24 heures. Ça m'est physiquement impossible. Légalement, impossible de faire ça. Par contre, je peux signaler à mes partenaires associatifs, entreprises que j'ai ce besoin là et on essaye de traiter ça ensemble, de faire en sorte que chacun puisse respecter les contraintes que chacun d'entre nous a dans le secteur public, dans le secteur privé, en tant qu'individu et de faire en sorte que ça se passe parce que c'est ça qui compte, c'est que ça se fasse quoi, finalement.

Mathieu Est-ce que vous êtes d'intérêt général à la Myne, au sens fiscal ?

Benjamin Alors, oui, et on va peut être regarder justement aussi, puisqu'on a quand même quelques années d'existence sur les questions d'intérêt public aussi potentiellement...

Mathieu D'utilité publique ?

Benjamin Oui, c'est ça.

Mathieu Donc indirectement l'Etat vous finance aussi parce que s'il y a des personnes qui donnent ou des mécènes qui donnent ou s'il y a des abandons de frais de bénévoles, ils peuvent défiscaliser.

Benjamin Oui, c'est vrai, même si en pratique, en fait c'est rarement le cas que les personnes nous demandent un reçu fiscal. C'est vrai que ça peut être utilisé, effectivement.

Yaël Après, par exemple, je ne sais pas si vous êtes sur HelloAsso. Du coup, ils proposent par exemple de faire des rescrits fiscaux de manière automatique, donc on ne sait même pas si les gens s'en servent ou derrière, enfin bref.

Mathieu Juste, c'est « reçus fiscaux », parce que « rescrits » c'est la demande que tu fais au fisc donc ça...

Karl C'est autre chose...

Mathieu On fait la confusion !

Yaël Exact ! Bah écoutez, merci beaucoup. Merci Benjamin de nous avoir partagé ton expérience de la Myne. C'était très éclairant et finalement pas si compliqué, pas aussi compliqué qu'on s'y attendait pour ce deuxième épisode de Question d'Asso. Merci à Mathieu aussi de nous avoir éclairé et précisé un peu sur le volant fiscal de la valorisation du temps bénévole. Et merci à vous de nous avoir écoutés. On espère que cet épisode vous aura été utile ! Si notre discussion a pu faire écho à des expériences que vous avez connues ou que vous rencontrez aujourd'hui, n'hésitez pas à nous les partager sur les réseaux sociaux ou directement en nous envoyons un mail à hello[at]questions-asso.com. Et de toute façon, vous retrouverez toutes les infos sur le site.

Yaël Pour rappel, vous pouvez nous suivre sur votre plateforme de podcasts préférée sur Soundcloud, Spotify, Deezer, Apple Music ou Google Podcasts. Vous pouvez également vous abonnez à notre newsletter pour ne manquer aucun épisode et vous retrouvez de toute façon toutes les informations et liens, ressources que nous avons évoqués durant ce podcast sur notre site Web questions-asso.com. Cet épisode a été réalisé avec le soutien de la Maif qui finance ce podcast. Et aujourd'hui, c'était Guillaume Desjardin de Synchrone TV qui était à la réalisation. Et on vous laisse maintenant avec la belle musique de Sound of Nowhere. Merci à vous de nous avoir écoutés. Et rendez-vous à la rentrée, en septembre, pour un nouvel épisode de Questions d'Asso.