► Épisode 9

Coups d'état associatifs, comment s’en sortir ?

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La vie démocratique va de pair avec une certaine conflictualité. Désaccords d’orientation ou de gestion, mises en évidence de contradictions internes, assemblées générales tendues… L’expression du dissensus est plutôt un signe du bon fonctionnement d’un collectif. C’est ce qui permet de poser les “sujets qui fachent”, qui bien souvent sont des sujets de fond, et d’expérimenter de nouvelles manières de faire.

Cependant, il n’est pas rare que cette conflictualité dérape… et se transforme en luttes d’égo et de pouvoir au détriment du projet associatif et de la santé du collectif. Comment identifier ces moments de bascule et de crispation ? Comment s’en prémunir… et le cas échéant s’en sortir ? Quelle place les statuts peuvent avoir – ou non – cette régulation ? En d’autres termes : que faire en cas de “putsch associatif” ?

Pour parler de ce sujet, nous avons donc le plaisir d’accueillir Wil et Michèle, de l'association et radio locale Albigés.

Enregistré le
4 avril 2022
Réalisation par
Guillaume Desjardins & Reha Simon, synchrone.tv
Sur une musique de
Sounds of Nowhere - “It Goes On...”
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Creative Commons Attribution (2.0)

La question d'expert

Quels enjeux pour la rédaction des statuts d'une association ?

Stéphane Courtois est juriste à la MAIF. Il nous éclaire sur les enjeux de la rédaction des statuts des associations.

À propos de l'épisode

Aujourd’hui, je vais faire assez court et vous présenter un article de Laurent Samuel, auteur du blog Association 1901, publié en juin 2009 et qui s’intitule “Vie associative : un enfer pavé de bonnes intentions”.

En 2009, Laurent Samuel a lancé un large appel à témoignages sur les conflits internes dans les associations régies par la loi 1901. « Rivalités de personnes, conflits de compétence, harcèlement, coups “fourrés”, putsch et coups d’Etat, violation caractérisée des statuts, culte du secret, opacité, détournement en tous genres, licenciements abusifs… », les témoignages reçus sont édifiants… mais malheureusement on peut trouver des histoires similaires dans tout type de structure. Qu’est-ce qui fait la particularité du modèle associatif ?

C’est un article de blog qui introduit le sujet plus qu’il ne l'approfondit, mais ce qui m’a interpellé, c’est qu’il met en avant deux types d’explication :

  • Premièrement, la difficile cohabitation entre des dirigeants bénévoles et des managers salariés – on avait commencé à aborder le sujet dans notre épisode sur les conditions de travail, mais très certainement cela demanderait qu’on creuse le sujet dans un prochain épisode parce que ça revient très souvent.
  • Et deuxièmement, la forme associative qui de par sa souplesse juridique permet, je le cite : “de rester encore un véhicule privilégié pour faire prospérer en toute discrétion coteries et rente de situation”. En d’autres termes, l’association peut dans certains cas être le support, le véhicule juridique de confiscation de pouvoir pour préserver sa propre situation personnelle que ce soit par des avantages matérielles ou simplement la position sociale… dans la mesure où beaucoup de bénévoles s’engagent sans vérifier la qualité de la gouvernance et le contenu des statuts !

Laurent Samuel parle ainsi de “despote du village”, d’égo surdimensionnés, d'escrocs patentés, de psychorigides… tout autant de dénomination que je regrouperai sous le terme de personnalités toxiques pour l’organisation qui profiteraient du statut associatif. C’est aussi pour ça que ça nous semblait important de cibler la question d’expert sur les statuts associatifs.

À ces deux facteurs explicatifs, j’en ajouterai au moins deux qu’on a déjà commencés à aborder dans de précédents épisodes :

  • D’un part, les enjeux du financement associatif qui pèsent très fortement sur les organisations du travail et la précarisation du secteur ;
  • De l’autre des pressions politiques (externes ou internes – cf. conseils d’administration) qui peuvent conduire à des procédures baillons pour faire taire les associations militantes.

Pour finir, je mentionnerai juste sur une loi “anti-putsch” qui a été adoptée au Sénat en avril 2021 et qui soumet certaines décisions (nouvelles adhésions, modification statutaire…) à une délibération collégiale. On pourrait s’en réjouir… si cela ne ciblait pas uniquement les associations cultuelles – donc associations de culte – dans le cadre de la lutte dite “contre le séparatisme” qui prend des tournures de plus en plus inquiétantes… je vous renvoie sur ce sujet au dernier rapport de l’Observatoire des libertés associatives publié en janvier 2022 : “Une nouvelle chasse aux sorcières : Enquête sur la répression des associations dans le cadre de la lutte contre l’islamisme”.

Vignette de l'épisode
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